A. Medvedev (Införnal FuckЪ) – «Vlad l’Immortel»

graffiti poutine crimée

En russe, tout prénom peut avoir une multitude de déclinaisons pas très instinctives d’un point de vue francophone : ainsi, pour les intimes (et, dans une certaine mesure, les aînés), Alexandre devient Sacha ou Choura. En français, on utilise l’obscur terme « hypocoristique » pour décrire cette transformation, alors que les russes l’intitulent уменьшительно-ласкательный, littéralement « diminutif-cajoleur ». Ce « diminutif », d’ailleurs, n’est pas forcément plus court, puisque divers suffixes peuvent le transformer et y ajouter des syllabes chargées d’émotions supplémentaires, augmentant les cajoleries (Sachen’ka, Sachouletchka) ou les troquant pour une affection plus virile (Sachok, Chourik).

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Rock-Lobotomie, 4e partie. «Éternellement jeunes, éternellement saouls»

Vassia Lojkine - LOciident nous aidera

Note du traducteur : Le délai qui s’est écoulé entre la publication de cette quatrième partie de la série « Rock-lobotomie » et la précédente s’explique par deux circonstances : premièrement, je ne me suis pas rendu compte, lors de mes premières recherches, de l’existence de cette quatrième partie, à cause du titre formulé de manière différente (« Лоботомия в стиле рок » au lieu de « Рок-лоботомия »). Deuxièmement, même après avoir découvert son existence, j’ai hésité à en publier la traduction car elle doit s’accompagner, comme qui dirait, d’un trigger warning : Konstantin Siomine, comme beaucoup de marxistes de la Russie contemporaine – la majorité, aurais-je envie de dire – est adepte d’une conception de la question des minorités sexuelles que je jugerais d’archaïque, et son propos le reflète.

La Russie sera Subtropicale ! (V. Pribylovski, 1995)

Note du traducteur :
Deux raisons me poussent à publier une nouvelle traduction du « Manifeste Subtropical ».

Premièrement, la précédente version, hébergée sur le site Mediapart, était scindée en deux parties : un billet d’introduction, et la traduction du Manifeste à proprement parler téléchargeable sous forme de fichier .pdf. Hélas, au gré des métamorphoses du site, les pièces jointes sont passées à la trappe, et cette version n’est donc plus accessible au public depuis un bout de temps.

Deuxièmement, parce que malgré la dizaine d’années qui sépare les deux traductions, et le quart de siècle qui s’est déroulé depuis l’écriture de l’original, ce dernier n’a rien perdu de sa pertinence. Instantané satirique d’une arène politique proprement surréaliste, le Manifeste nous aide à comprendre, en dépit de toutes ses dérives comiques, la manière dont les manipulations cyniques, la violence physique et le pillage généralisé ont pu anéantir tout espoir de démocratie dans les esprits russes en quelques années.

«Rock-lobotomie : comment nous avons bousillé notre identité. 1re partie» (K. Siomine)

Il a plusieurs raisons qui m’ont poussé à traduire ce texte dans son intégralité et à publier le résultat. Fin 2014, quand j’écrivais un billet intitulé « Soljenitsyne, Pouchkine et le Goblin », j’étais loin de m’imaginer l’ampleur que prendrait la tendance que j’y décrivais. On assiste aujourd’hui, en Russie, à ce que j’aimerais appeler « un renouveau de la pensée marxiste », mais je serai plus mesuré et réaliste : on a observe, ces deux-trois dernières années, une montée en puissance de la propagande communiste sur le runet, le segment russophone de la Toile.

Leningrad / Nestchastnyï Sloutchaï – «Élections, élections…»

Ça fait un bout de temps que j'ai renoncé à essayer de commenter régulièrement les actualités politiques et sociales russes : je ne le faisais avant, déjà, qu'aux très grandes occasions où j'estimais que je pouvais ajouter un point de vue un minimum original (dans la sphère francophone, du moins) et souvent, en réalité, ça se résumait à du sarcasme et des railleries pas très habiles qui ont, en plus, fini par se tarir.

Egor Letov – «Que l’Anarchie soit (ou pas)» (triptyque chaotique)

Quand on consacre, en tant que traducteur et rédacteur de blog, une bonne partie de son temps et de ses efforts à un artiste spécifique, il est à la fois gratifiant et humiliant de découvrir des chercheurs qui, tout en abondant dans votre sens, remettent vos maigres réflexions dans un contexte plus global et, surtout, beaucoup mieux structuré. J’espérais trouver une telle confirmation dans les travaux d’une certaine Hélène Piaget, qui aurait comparé un de mes groupes fétiches, Krasnaia Plesen’, au poète Daniil Harms. Hélas, après avoir interrogé tous les sociologues avec qui je pouvais avoir un contact, dont des gens qui connaissent des gens qui occupent de hauts postes à la Sorbonne, il semblerait que cette «professeure d’anthropologie sociale» et spécialiste du punk russe citée par une journaliste du site Pravda.ru n’existe tout simplement pas. Par contre, j’ai en parallèle eu le plaisir de découvrir la thèse de Julien Paret (Inalco) intitulée Territoires informationnels et identités politiques : Chorographie réticulaire des communautés virtuelles socialistes dans la Russie post-soviétique de 2008 à 2017, qui me conforte dans ma conviction que le poète et musicien Egor Letov est un personnage œcuménique pour une grande partie des «socialistes» (et, accessoirement, des marginaux) de toutes les Russies, aussi controversé qu'adoré, parce qu'il est plein de contradictions qu'il assume totalement.

Sektor Gaza – «Le derche» (sanctions, subventions, cultes des personnalités, arnaques, crimes et chantiers navals)

Pendant que la France vénère son nouvel idole pousseur de ballon acheté pour une somme indécente, au cas où vous vous poseriez la question, le culte de la personnalité Poutine se porte bien, merci, entretenu qu'il est à la fois par le lustrage des media pro-pouvoir et les opposants qui ne voient pas d'autre solution que de commenter et de dénigrer le phénomène. On en est arrivé à un point où le dialogue entre le pouvoir et l'opposition russes se résume à un concours d'images photoshopées de Poutine en train de pêcher ou de faire de la randonnée.