Krematoriï – « Petite Fille »

Parmi les différents centres du rock au temps de l’URSS, celui que les billets de ce blog ont le moins couvert sont les rejetons du « rock-laboratoire » de Moscou. Pourtant, ce ne sont pas les cas curieux qui manquent : Nogu Svelo, l’un des groupes de rock les plus populaires des années 1990, Mongol Shuudan et leurs premiers concept-albums sur la makhnovchtchina, les séminaux Bravo et Janna Agouzarova avec Brigada S à leurs côtés, les expérimentations de Piotr Mamonov et Zvuki Mu, les carrières singulières de Va-Bank et Megapolis, les gros riffs de Black Obelisk ou Korrozia Metalla… Et, au milieu de tous ces musiciens sur lesquels j’aimerais me pencher plus en détail, il y a un collectif qui, à vrai dire, me rebute un peu mais qui se pose en incontournable : Krematoriï.

Publicité

Vladimir Vyssotski sur le public, les applaudissements, le spectacle, la chanson d’auteur et ses amis de jeunesse (concert à Kaliningrad, 16 juillet 1980)

Cet enregistrement est extrait du dernier concert donné par Vyssotski, décédé neuf jours plus tard, le 26 juillet 1980. Il se lance dans cette digression d'une dizaine de minutes après avoir interprété sa «Chanson sur l'aviateur décédé», qui s'ouvre par les les paroles «Toute la guerre, à ras bords, je tendais vers la maison...», et se termine par «je suis revenu, mais lui n'a pas eu le temps». La perte d'un ami, d'un frère d'armes, d'un camarade, et l'inévitable «pourquoi lui, et pas moi ?» sont un des thèmes récurrents de Vyssotski. Dans ma traduction, j'essaye de garder son phrasé assez hésitant et par moments décousu, même si je me suis permis de couper certaines répétitions ou rendre plus lisibles certains passages sans forcément le préciser.