Peu de sens se perdent, dans une traduction consciencieuse. C'est juste que, de temps à autre, pour retranscrire un verbe, il vous faudra une phrase, pour expliquer un concept, il vous faudra deux-trois chansons, et si vous voulez ne serait-ce que commencer à cerner un personnage, vous devrez lui consacrer un paquet de billets et de liens. On apprend parfois au traducteur que la note de bas de page est un aveu d'échec, alors qu'elle n'est qu'un aveu de manque de temps et d'espace, si l'essentiel pour vous est le sens. Traduire des chansons permet d'atténuer le seul véritable écueil de la traduction littéraire et poétique, à savoir la dynamique et la sonorité du texte original : quand j'adapte une chanson, même si j'essaye, tant bien que mal, d'en singer le rythme et les rimes, je n'ai pas forcément besoin de vous expliquer toutes les consonances, les échos des idiotismes [1], la profondeur des voyelles, le raclement dans la gorge, vous les avez en version audio.
Étiquette : littérature
Zoopark – «Blues de Moscou» (en french dans le texte)
J'ai mentionné, dans mon précédent billet, le morceau traduit ci-dessous comme un bon exemple de la très folklorique rivalité existant entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Peu après, je suis retombé sur ce papier : Les particularités d'emploi des mots argotiques en russe contemporain. Bien que restant d'actualité une bonne quinzaine d'années après son écriture, il propose une référence musicale qui est, à mon humble avis, l'une des moins pertinentes que l'on puisse choisir dans ce contexte : Viktor Tsoï est mentionné par l'auteure comme l'exemple d'un musicien de la Perestroïka ayant porté l'argot dans les masses, alors qu'il est, au contraire, un de ceux dont les textes contiennent le moins d'expressions vulgaires, argotiques ou datées, ce qui a contribué à les rendre intemporels.