A. Medvedev (Införnal FuckЪ) – «Vlad l’Immortel»

graffiti poutine crimée

En russe, tout prénom peut avoir une multitude de déclinaisons pas très instinctives d’un point de vue francophone : ainsi, pour les intimes (et, dans une certaine mesure, les aînés), Alexandre devient Sacha ou Choura. En français, on utilise l’obscur terme « hypocoristique » pour décrire cette transformation, alors que les russes l’intitulent уменьшительно-ласкательный, littéralement « diminutif-cajoleur ». Ce « diminutif », d’ailleurs, n’est pas forcément plus court, puisque divers suffixes peuvent le transformer et y ajouter des syllabes chargées d’émotions supplémentaires, augmentant les cajoleries (Sachen’ka, Sachouletchka) ou les troquant pour une affection plus virile (Sachok, Chourik).

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Mike Naoumenko (Zoopark) – «La Chanson du gourou»

Parler des chansons de Mike Naoumenko est, parfois, assez facile : les souvenirs des amis, collègues, disciples et simples témoins des événements ont été consignés dans de nombreuses biographies et mémoires dédiées à Mike en personne ou à la vie de la bohème de Leningrad en général, et des sites compilant les song facts citent ces ouvrages et résument les différentes versions des événements de manière fort pratique. Il ne reste qu’à paraphraser ou à citer.

Strannye Igry – Les jeux étranges de la skadaptation (de Queneau à Madness en passant par Brassens)

Sur l’emblématique compilation Red Wave: 4 Underground Bands from the Soviet Union, derrière les trois mastodontes du rock’n’roll soviétique – Aquarium, Alissa, Kino – il y avait un petit groupe aujourd’hui largement oublié : Strannye Igry (littéralement « Jeux étranges »). Les raisons de l’oubli sont assez simples : en 1986, à la sortie de la compilation susnommée, le groupe se séparait en deux nouvelles entités, les groupes AVIA et Igry, qui ne connaîtront pas de succès populaire malgré des carrières prolongées.

«Rock-lobotomie : comment nous avons bousillé notre identité. 1re partie» (K. Siomine)

Il a plusieurs raisons qui m’ont poussé à traduire ce texte dans son intégralité et à publier le résultat. Fin 2014, quand j’écrivais un billet intitulé « Soljenitsyne, Pouchkine et le Goblin », j’étais loin de m’imaginer l’ampleur que prendrait la tendance que j’y décrivais. On assiste aujourd’hui, en Russie, à ce que j’aimerais appeler « un renouveau de la pensée marxiste », mais je serai plus mesuré et réaliste : on a observe, ces deux-trois dernières années, une montée en puissance de la propagande communiste sur le runet, le segment russophone de la Toile.

Leningrad / Nestchastnyï Sloutchaï – «Élections, élections…»

Ça fait un bout de temps que j'ai renoncé à essayer de commenter régulièrement les actualités politiques et sociales russes : je ne le faisais avant, déjà, qu'aux très grandes occasions où j'estimais que je pouvais ajouter un point de vue un minimum original (dans la sphère francophone, du moins) et souvent, en réalité, ça se résumait à du sarcasme et des railleries pas très habiles qui ont, en plus, fini par se tarir.

Grajdanskaia Oborona – «KBG-rock»

Loin des centres culturels et historiques de Moscou et Leningrad, une scène et une tradition du rock singulières prennent forme en Sibérie, et la deuxième moitié des années 1980 verra l’émergence de son auteur le plus emblématique et de son projet le plus connu : Egor Letov et Grajdanskaia Oborona. Souvent, les deux ne font qu’un : punk et anarchiste jusqu’au bout des ongles, Letov crée abondamment, en solitaire, dans l’urgence et sous influence, avec des casseroles en guise de batteries, enregistrant sur un magnétophone mono-piste ses morceaux abscons et énervés.

Grajdanskaia Oborona – «Chanson sur Lénine»

Sur le rapport houleux que Letov a entretenu, en mode fascination-répulsion, avec la pensée communiste et ses symboles, le principal a été dit au long de mes précédents billets, mais il convient de s’attarder sur le cas particulier de Lénine. Leitmotiv inévitable du communisme, Lénine est la vedette de deux titres majeurs du groupe : l’emblématique « Tout se déroule selon le Plan », où Letov décompose, dès les premiers vers, Lénine en « moisissure et miel de tilleul », et la reprise de la chanson soviétique « Et de nouveau le combat continue », qui deviendra un classique des concerts du groupe dès sa reformation en 1993 et qui célèbre, dans son refrain, le jeune Lénine et l’éternel Octobre qui nous attend.

Egor Letov – «Que l’Anarchie soit (ou pas)» (triptyque chaotique)

Quand on consacre, en tant que traducteur et rédacteur de blog, une bonne partie de son temps et de ses efforts à un artiste spécifique, il est à la fois gratifiant et humiliant de découvrir des chercheurs qui, tout en abondant dans votre sens, remettent vos maigres réflexions dans un contexte plus global et, surtout, beaucoup mieux structuré. J’espérais trouver une telle confirmation dans les travaux d’une certaine Hélène Piaget, qui aurait comparé un de mes groupes fétiches, Krasnaia Plesen’, au poète Daniil Harms. Hélas, après avoir interrogé tous les sociologues avec qui je pouvais avoir un contact, dont des gens qui connaissent des gens qui occupent de hauts postes à la Sorbonne, il semblerait que cette «professeure d’anthropologie sociale» et spécialiste du punk russe citée par une journaliste du site Pravda.ru n’existe tout simplement pas. Par contre, j’ai en parallèle eu le plaisir de découvrir la thèse de Julien Paret (Inalco) intitulée Territoires informationnels et identités politiques : Chorographie réticulaire des communautés virtuelles socialistes dans la Russie post-soviétique de 2008 à 2017, qui me conforte dans ma conviction que le poète et musicien Egor Letov est un personnage œcuménique pour une grande partie des «socialistes» (et, accessoirement, des marginaux) de toutes les Russies, aussi controversé qu'adoré, parce qu'il est plein de contradictions qu'il assume totalement.