Nol’ — «Je marche, je fume» (Pour vivre heureux, vivons perchés)

Dans la spirale historique de la Russie, il y a deux époques qui se font écho de manière particulièrement vibrante : les réformes de la NEP, la Nouvelle Politique Économique juste après la guerre civile (1922 à 1928) et, quelques décennies plus tard, la libéralisation économique lancée avec la perestroïka et achevée sous Eltsine. Difficile de dire si, conformément à l'adage établi par un célèbre philosophe, l’une ou l’autre aurait été davantage une tragédie ou une farce, ce qu’on peut simplement constater, c’est que les œuvres artistiques de l’Union Soviétique post-stalinienne avaient tendance à romantiser l’aspect « truand » de la NEP, sa luxure et sa débauche, avec l’aval et le soutien croissants de la propagande officielle. Du charmeur mais encore tragique personnage d'Ostap Bender porté à l’écran dans les années 1960-70 aux plates bouffonnades comme « Les rêves d’un idiot » dans les années ‘90, le degré de complaisance évolue, en général, de manière inversement proportionnelle à la moralité et au talent des réalisateurs.

Publicité

Leningrad / Nestchastnyï Sloutchaï – «Élections, élections…»

Ça fait un bout de temps que j'ai renoncé à essayer de commenter régulièrement les actualités politiques et sociales russes : je ne le faisais avant, déjà, qu'aux très grandes occasions où j'estimais que je pouvais ajouter un point de vue un minimum original (dans la sphère francophone, du moins) et souvent, en réalité, ça se résumait à du sarcasme et des railleries pas très habiles qui ont, en plus, fini par se tarir.

Sektor Gaza – «Soupe au choux» (du pathétique et du symbolique)

Au vu de la relative diversité musicale que propose l'œuvre de Sektor Gaza (SG), on peut penser que c'est un groupe qui a évolué avec le temps ou qui «défie les étiquettes» – un peu punk mais très pop-rock quand même – alors qu'il est surtout l'héritier d'une tradition du punk «pathétique» remontant à des britanniques comme Toy Dolls, passant par les français de Ludwig von 88, et refusant obstinément de terminer sa course avec Krasnaia Plesen', héritiers spirituels de SG qui se sont contentés d'augmenter de quelques crans le politiquement incorrect et le folklore dans la formule.

Vladimir Vyssotski sur le public, les applaudissements, le spectacle, la chanson d’auteur et ses amis de jeunesse (concert à Kaliningrad, 16 juillet 1980)

Cet enregistrement est extrait du dernier concert donné par Vyssotski, décédé neuf jours plus tard, le 26 juillet 1980. Il se lance dans cette digression d'une dizaine de minutes après avoir interprété sa «Chanson sur l'aviateur décédé», qui s'ouvre par les les paroles «Toute la guerre, à ras bords, je tendais vers la maison...», et se termine par «je suis revenu, mais lui n'a pas eu le temps». La perte d'un ami, d'un frère d'armes, d'un camarade, et l'inévitable «pourquoi lui, et pas moi ?» sont un des thèmes récurrents de Vyssotski. Dans ma traduction, j'essaye de garder son phrasé assez hésitant et par moments décousu, même si je me suis permis de couper certaines répétitions ou rendre plus lisibles certains passages sans forcément le préciser.

Zoopark – «Blues de Moscou» (en french dans le texte)

J'ai mentionné, dans mon précédent billet, le morceau traduit ci-dessous comme un bon exemple de la très folklorique rivalité existant entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Peu après, je suis retombé sur ce papier : Les particularités d'emploi des mots argotiques en russe contemporain. Bien que restant d'actualité une bonne quinzaine d'années après son écriture, il propose une référence musicale qui est, à mon humble avis, l'une des moins pertinentes que l'on puisse choisir dans ce contexte : Viktor Tsoï est mentionné par l'auteure comme l'exemple d'un musicien de la Perestroïka ayant porté l'argot dans les masses, alors qu'il est, au contraire, un de ceux dont les textes contiennent le moins d'expressions vulgaires, argotiques ou datées, ce qui a contribué à les rendre intemporels.

Cannes, Kino, le cinéma, Serebrennikov, l’Été et des navets guerriers

Après une longue pause et une série de traductions et de billets plus ou moins détachés de l'actualité, j'essaye de rattraper les dépêches de mon fil Twitter, et voilà que je tombe, bien opportunément, sur Cannes, Serebrennikov et son «Été», une occasion pour moi de parler (une fois de plus) des personnages dépeints par son film et, comme d'habitude, de finir par divaguer sur des trucs qui n'ont pas beaucoup de rapport.